Raoul Nolibos
1890-1985
Fils d'Emile Nolibos et de Marie-Louise Assimans, Raoul Nolibos naît le 5 novembre 1890 à Argelès-Gazost au sein d'une famille de trois enfants.
Son frère aîné, Jean, né en 1897, s'installe en 1910 aux Etats-Unis comme chef-cuisinier. Il meurt toutefois accidentellement en 1916. Quant à son frère cadet, Georges, né en 1892, il exerce la même profession que son aîné au sein du célèbre restaurant parisien, "Le Boeuf sur le toit".
Après l'obtention du certificat d'études, Raoul Nolibos est admis à l'Ecole professionnelle d'Aire-sur-Adour où sa famille s'est installée, en vue de préparer l'entrée à l'Ecole des arts et métiers. Malheureusement, le décès de son père en 1908 l'oblige à arrêter ses études pour travailler. Il se retrouve ainsi embauché, dans un premier temps, à Mont-de-Marsan au sein d'une usine de mécanique spécialisée dans le matériel forestier. Il est ensuite employé par un garage à Lourdes où il reste jusqu'en 1910. Encouragé par sa mère, il rejoint cependant Paris en octobre 1910 : il trouve alors une place dans une usine de machine-outils basée à Saint-Ouen.
Après avoir accompli son service militaire comme sapeur-pompier (1911-1913), il intègre en décembre 1913 l'usine Citroën des Chevrons située quai de Javel à Paris. Cependant, la Première Guerre mondiale entraîne sa mobilisation au sein du 12e Régiment d'infanterie de Tarbes le 2 août 1914. Envoyé à Vaucouleurs (Meuse), il participe à la campagne de Belgique puis à la retraite sur la Champagne avant de prendre part à la bataille de la Marne.
Blessé le 17 septembre 1914, il est alors formé, au regard de son passage au sein du corps des sapeurs-pompiers de Paris, pour intégrer les premières compagnies de lance-flammes expérimentés sur le front de l'Argonne en 1915. De février 1916 à janvier 1917, il se retrouve à combattre à Verdun au sein de l'une de ces compagnies avant de participer au combat du Chemin des Dames au mois d'avril suivant. Le 5 mai 1917, il est gravement blessé à la jambe droite. Hospitalisé jusqu'en avril 1918, il finit par être démobilisé en mai de la même année.
Libéré de ses obligations militaires, il revient alors dans son département d'origine. Recruté à l'Arsenal de Tarbes en juin 1918, il est écoeuré par la guerre et adhère à la CGT. Engagé, il adhère à la Fédération socialiste en 1919 avant de se rallier au Parti communiste après le Congrès de Tours (1921). Il est même élu trésorier de la section communiste de Tarbes dont il devient le secrétaire en juin 1921. Le mois suivant, il succède à Robert Aveillé comme secrétaire fédéral mais est rapidement remplacé par Bernard Cazaubon. Il est également militant de l'Association républicaine des anciens combattants (ARAC), structure d'anciens combattants proche du Parti communiste français et contribue à la rubrique Hautes-Pyrénées de l'hebdomadaire communiste régional l'Églantine.
A compter de 1922, il quitte l'Arsenal pour s'établir à son compte comme mécanicien automobile et concessionnaire des marques automobiles Donet-Zedel et Delahaye. Compte tenu de ses nouvelles responsabilités, il quitte les structures politiques et syndicales qu'il avait intégrées même s'il reste proche de cet idéal politique... Il contribue dès lors à la création de la Chambre syndicale départementale de l'automobile en 1928 et en devient son président en 1932 (il le restera jusqu'en 1966). Entre 1925 et 1966, il est également reconnu comme expert judiciaire en matière mécanique.
Durant cette période riche sur le plan personnel, professionnel et idéologique, il épouse le 6 septembre 1919 Laure Clémence née Stéphani.
Son passé de militant le rattrape néanmoins en 1940 : il est ainsi arrêté le 15 novembre en tant que proche du Parti communiste, mouvement interdit pendant la "Drôle de guerre". Le Républicain des Hautes-Pyrénées du 15 novembre 1940 annonce ainsi l'arrestation d'un "chef" communiste, Nolibos. Interné dans un premier temps au camp de Gurs (Pyrénées-Atlantiques), ouvert initialement pour accueillir des réfugiés espagnols, il y côtoie Alfred Nigou, Georges Lassalle, Fernand Bordedebat, Marcel Biard ou encore André Chastellain. Durant cette période, il dessine d'ailleurs de nombreux croquis du camp et d'autres internés, dessins dont la trace a aujord'hui été perdue.
Le 31 décembre 1940 l'administration de Vichy le transfére au camp de Nexon situé près de Limoges (Haute-Vienne). Il en sera libéré 13 mois plus tard, au cours du mois de novembre 1941, grâce notamment à l'intervention du préfet des Hautes-Pyrénées, Alphonse Le Gentil.
Rejoignant les rangs de la Résistance, Raoul Nolibos devient, à la Libération, un membre actif du Comité départemental de Libération dont il préside la "délicate" commission d'épuration. Il est également élu conseiller municipal de Tarbes de 1945 à 1953 : il est alors nommé responsable des moyens de transport, tâche qu'il mène grâce aux liens noués avec le syndicat des transporteurs des Hautes-Pyrénées. Il ne semble toutefois pas poursuivre de carrière politique par la suite : son nom n'apparaît ainsi plus dans les comités fédéraux communistes des années 1950.
Décoré de la Croix de Chevalier de l'Ordre national du Mérite le 22 septembre 1971, Raoul Nolibos décède à Tarbes le 25 janvier 1985. Son épouse, quant à elle, s'est éteinte le 9 avril 1979.
- 46 W Fonds du Comité départemental de Libération ;
- 203 J Fonds Raoul Nolibos ;
- Bénézech, Maurice. Résistance en Bigorre, Comité départemental de la Résistance (Hautes-Pyrénées), 1984.
- Cubero, José-Ramón. Les Hautes-Pyrénées dans la guerre, 1938-1948, Cairn éditions, 2002.
- Dupuy, Jean. La Résistance par ceux qui l'ont faite : 65 biographies de combattants FFI des Hautes-Pyrénées, 1940-1945, Cairn éditions, 2019.
Le Maitron, dictionnaires biographiques du mouvement ouvrier