Conclusion : identifier au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
L’usage des fichiers par le régime de Vichy laisse des traces : les dispositifs d’encartement des citoyens font en effet l’objet d’importants débats dans les années d’après-guerre. Si la police judiciaire et les Renseignements généraux continuent à œuvrer en se fondant sur l’héritage Bertillon, l’identification des citoyens à travers un carte d’identité obligatoire soulève de nombreuses questions. Finalement, après l’abandon de la carte d’identité obligatoire à la Libération, on opte en 1955 pour un carte facultative gérée à l’échelon départemental par les préfectures. Néanmoins, le contexte lié aux conflits de décolonisation, en particulier la Guerre d’Algérie, provoque une recrudescence de création de fichiers, le plus souvent gérés par l’administration centrale.
A partir des années 1970, la révolution informatique bouleverse les pratiques et facilite la mise en place et la diffusion de fichiers. Ainsi, en mars 1974, le quotidien Le Monde révèle le projet gouvernemental SAFARI (Système automatisé pour les fichiers administratifs et le répertoire des individus) dont l’objectif était d’identifier chaque citoyen par un numéro et d'interconnecter, via ce numéro, tous les fichiers de l'administration. La population craignant un fichage général et considérant les dangers que pouvaient susciter certaines utilisations de l’informatique, il est décidé la création d’une commission chargé de définir des mesures destinées à permettre le développement de l'informatique dans le respect de la vie privée, des libertés individuelles et publiques.
Celle-ci propose, après de larges consultations et débats, de créer une autorité indépendante que constitue la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) instituée par la loi du 6 janvier 1978. Ce texte est d’ailleurs encore aujourd’hui le fondement de la protection des données à caractère personnel dans les traitements informatiques mis en œuvre sur le territoire français même si elle a fait l’objet de plusieurs réformes dont tout particulièrement le règlement général sur la protection des données en 2016.