Au-delà de la communauté immigrée, la population française, toujours plus mobile, fait l’objet d’une identification. C’est ainsi elle qui fonde l’instauration des papiers d’identité.
Le premier d’entre eux est le passeport. D’un usage très ancien, il avait pour objectif, sous l’Ancien Régime, d’assurer à son détenteur, aide et protection dans ses déplacements.
Supprimé en 1791 par la Constitution qui le considérait porter atteinte à la liberté individuelle, il est rapidement rétabli sous deux formes : « à l’intérieur » délivré par le maire à toute personne quittant le territoire du canton ; « à l’étranger » délivré par le préfet ou les sous-préfets.
Le passeport pour l’intérieur implique que « nul en France ne peut quitter le territoire de son canton ou voyager sans être porteur d’un passeport ». Cette obligation tombe néanmoins en désuétude à partir de 1860, les déplacements facilités notamment par le chemin de fer devenant trop nombreux.
Aujourd’hui, l’objet fondamental de l’identification demeure la carte d’identité. Pendant tout le XIXesiècle, le projet d’un document unique a été poursuivi. Mais les difficultés administratives de mise en œuvre ainsi que les réticences politiques ont repoussé sa réalisation. Il faut donc attendre la loi du 27 août 1940 formulée par le Gouvernement de Vichy qui instaure la carte d’identité de Français. Obligatoire pour tous les citoyens de plus de 16 ans, son instauration est naturellement liée à la période marquée par un contrôle exacerbé de la population. Abandonnée après-guerre, elle ne sera rétablie qu’en 1955, en pleine Guerre d’Algérie.