De multiples usages

Bénédiction de deux nouvelles cloches à Saint-Pé-de-Bigorre (fin des années 1940)
Bénédiction de deux nouvelles cloches à Saint-Pé-de-Bigorre (fin des années 1940)

Baptême ou bénédiction ?

Le plus souvent, la consécration d’une nouvelle cloche à usage liturgique est appelée baptême. Cette cérémonie revêt en effet un aspect proche du baptême d’un nouveau-né : parrain, marraine, dragées, vêtement blanc… L’Église préfère cependant employer le mot de bénédiction.

Lors de la fonte du métal, acte employant le feu, la présence du diable était possible. Pour cette raison, un prêtre venait bénir (et exorciser) l’opération.

La bénédiction comportait autrefois de nombreuses étapes : lectures et chants de psaumes, antiennes, oraisons, onctions d’huile et de sel, exorcismes… Elle a été simplifiée depuis le concile Vatican II (1962-65) : accueil des fidèles et rappel historique-explication/lecture de la Bible/question au parrain et à la marraine quant au choix du nom/litanie des saints/aspersion/trois prières/sonnerie par trois fois par le prêtre puis le parrain et la marraine et éventuellement des habitants/distribution de dragées et autres réjouissances (chant des cloches).

Bénédiction de la nouvelle cloche - Marie-Bernadette - à Ibos par Monseigneur Théas (1957) ©J. Péghini
Bénédiction de la nouvelle cloche - Marie-Bernadette - à Ibos par Monseigneur Théas (1957) ©J. Péghini
Petit manuel de bénédiction des cloches (1939)
Petit manuel de bénédiction des cloches (1939)

Une grande diversité de sonneries

Au quotidien, en dehors du tintement des heures, les cloches se font entendre rituellement trois fois par jour pour l’Angélus. Il s’agit d’une invitation pour les croyants à réciter l’Ave Maria, une prière à la Vierge. C’est une tradition médiévale qui a été confirmée en France par un édit royal de 1472. Il sonne trois fois trois coups suivis d’une volée.

Il était d’usage autrefois de carillonner les jours précédents Noël (Aubettes ou laoudètes) afin d’annoncer la Nativité.

Lors d’un décès et de funérailles, le glas, résonne, pour sa part, sous la forme de coups graves et espacés.

Des sonneries festives sont marquées par le lancer joyeux des différentes cloches ensemble. Elles marquent les baptêmes, mariages mais aussi des évènements importants comme la fin d’un conflit (rappelée le 11 novembre 2018 par la sonnerie des cloches, 100 ans après) ou… le Tour de France ! Le 25 mars 2020, les évêques de France ont demandé une sonnerie pour rendre hommage aux soignants durant l’épidémie de coronavirus.

Le tocsin se reconnaissait par un tintement particulier ayant pour but d’annoncer une calamité : attaque, inondation, incendie. Il a été remplacé par les sirènes d’appel. Un maire peut toutefois, exceptionnellement, procéder à des sonneries civiles pour appeler les enfants à l’école, informer du passage du président de la République ou lors de la fête nationale et d’une fête locale. Ces usages sont très encadrés et un peu désuets.

Il est cependant un temps où les cloches se taisent : entre le Vendredi Saint et la nuit du samedi de Pâques. Il s’agit de s’associer à la commémoration de la mort du Christ, les sonneries étant alors remplacées par celle de « cloches de bois » : claquoirs et crécelles, ou instrument des ténèbres. Durant cette absence de sonneries, les cloches seraient parties pour Rome recevoir la bénédiction du pape. Elles reviennent le jour de Pâques remplies d’œufs qu’elles sèment dans les jardins.

Sonnaillon de la fonderie Daban de Nay vendue à Ibos en 1957 pour financer la nouvelle cloche (s.d.) ©J. Péghini
Sonnaillon de la fonderie Daban de Nay vendue à Ibos en 1957 pour financer la nouvelle cloche (s.d.) ©J. Péghini
Ensemble de crécelles utilisées durant la semaine de Pâques à Sère-Lanso
Ensemble de crécelles utilisées durant la semaine de Pâques à Sère-Lanso