Les Dencausse. Une famille de fondeurs bigourdans

Depuis le XVIIe siècle...

Les origines de la famille Dencausse ne sont pas connues à ce jour mais cette dynastie de fondeurs, d’abord itinérants puis restant à Soues et Tarbes, a œuvré dans une partie du Sud-Ouest des années 1660 à 1930.

Malgré les prospectus de la fonderie qui vantent des cloches Dencausse dès le XVe siècle, le premier représentant connu – Charles Dencausse ou Delcausse, maître fondeur de cuivre habitant à Soues – apparaît dans les documents entre les années 1660 et 1690. Il existe dans plusieurs villages, tels Soues ou Saint-Pé-de-Bigorre, des batteurs de cuivre (martinayres) qui peuvent s’associer aux fondeurs pour la fourniture et la préparation du métal.

La famille va ainsi donner plusieurs générations de fondeurs de cloches, ce métier étant parfois assuré simultanément par pères-fils, frères ou cousins. Les Dencausse sont aussi liés aux Teysseyre, autres fondeurs de Soues. Dès la fin du XVIIIe siècle, la fonte peut se faire à Soues et les cloches envoyées à plusieurs kilomètres. L’ouverture en 1859 de la ligne de chemin de fer Bordeaux-Tarbes permet d’exporter la production au plus près des églises même si la fin du trajet s’effectue avec des chars à bœufs.

Le XIXe siècle, un grand développement de la fonderie

Ursulin Dencausse (1825-1910), issu de la branche aînée, demeure à Tarbes au n° 5 de la rue Sainte-Marie. Il acquiert le site de l’ancien cimetière Saint-Jean pour y établir sa fonderie et perfectionner la cloche et son fonctionnement. Il est détenteur du brevet de l’abbé Guichené, de Mont-de-Marsan : « la boîte à chapelet », déposé en 1855, qui réduit le frottement entre le joug et son support. Ursulin Dencausse présente ses innovations (disque remplaçant les anses, tige-bélière mobile, montage fer fonte, joug en fonte, cloches 20 % plus légères que celles de ses concurrents, garantie de 15 ans) aux expositions d’Auch, Pau, Tarbes et aux expositions universelles de Paris en 1867 et 1878.

Voyageant beaucoup et s’inspirant des travaux de son temps, il diffuse aussi largement sa « marque » par l’intermédiaire de prospectus publicitaires. L’un d’eux annonce en 1868 qu’Ursulin Dencausse a produit « plus de mille » cloches pour les Hautes-Pyrénées, les départements voisins et même les « Missions de la Cochinchine ».

Pierre Dencausse (1842-1905), fils de Zéphirin, garde sa fonderie – À la couronne d’airain – à Soues. Il réalise lui aussi des innovations (cloches tournantes, tige-bélière fixe) primées lors d’expositions. De cette branche de la famille est issu Dominique Dencausse qui s’établit en 1855 comme fondeur de cloches à Barcelone. Il est le grand-père du grand compositeur catalan Frederic Monpu i Dencausse (1893-1987).

En-tête de la fonderie Pierre Dencausse (1900) - ADHP, 2 O 288/2
En-tête de la fonderie Pierre Dencausse (1900) - ADHP, 2 O 288/2

Un héritage qui perdure

La fonderie Dencausse de Tarbes échappe de peu à la fermeture à la mort d’Ursulin en 1910. L’atelier est repris par son fils et mis en vente publique en 1920. Il est racheté par l’architecte bayonnais André Darricau, qui le conserve jusqu’en 1930 puis cède l’affaire à Walbron et Fourcade qui exerce seul de 1931 à 1974. C’est ensuite la famille Laumaillé qui prend la relève ; l’entreprise existe toujours sous ce nom et a ses ateliers installés à Ibos.

De nos jours, d’autres campanistes interviennent aussi dans les Hautes-Pyrénées : Établissements Bodet Campanaire, Entreprise Sud Carillon de Thierry Glize et L’Atelier du Temps de Maxime Labat.