Le clocher : une silhouette familière

Un héritage du Moyen-Âge

La silhouette du clocher est familière dans le paysage, personnifiant souvent la ville ou le village. Les premiers clochers remonteraient au VIIe siècle, ce sont alors des tours de bois édifiées sur les transepts des basiliques. Mais les campaniles se répandent vraiment à l’époque romane, aux XIe – XIIIe siècles. Ils se présentent alors le plus souvent comme de simples murs pignons établis à l’ouest de l’église ou sur le chœur. Ils comportent des arcades – les baies campanaires – dans lesquelles se balancent les cloches (Aragnouet, Gouaux…). Ce modèle va perdurer au moins jusqu’au XVIIe siècle, parfois directement intégré au pignon de l’église. Ces clochers médiévaux peuvent aussi être couverts d’une petite toiture à quatre pans.

Au fil du temps, les clochers ont pu être complétés par des structures en charpente créant une chambre des cloches tout en facilitant l’accès et la maintenance. Certains clochers-pignons seront transformés en clochers-tours (Azereix).

Aux XIVe – XVe siècles, de grands clochers-pignons sont construits à Pouzac, Ibos, Trie ou Bagnères-de-Bigorre. En parallèle, et compte tenu du contexte hostile de la Guerre de Cent ans, des églises sont fortifiées par l’ajout de chemins de ronde. Ces défenses sont complétées par des campaniles imposants (Saint-Savin, cathédrale de Tarbes), surmontant parfois un porche ou évoquant un donjon (Larreule, Auriébat) comme c’est déjà le cas à Sarrancolin à l’époque romane.

Au XVIe siècle, en vallée d’Aure, quelques puissants clochers sont mis en œuvre : Bourisp, Arreau, Cadéac…

Projet de reconstruction de l’église de Vielle-Adour par l’architecte Darqué (1867) - ADHP, 2 O 2412 - Ce document montre l’ancien campanile et le nouveau clocher
Projet de reconstruction de l’église de Vielle-Adour par l’architecte Darqué (1867) - ADHP, 2 O 2412 - Ce document montre l’ancien campanile et le nouveau clocher

De l'héritage baroque aux reconstructions du XIXe siècle

Une nouvelle phase d’édification de clochers intervient lors des restaurations des églises à l’époque baroque (XVIIe-XVIIIe siècles), faisant suite aux destructions des guerres de Religion. Des tours-clochers reçoivent alors des charpentes complexes qui dessinent des flèches aux multiples clochetons (Beaudéan, Caixon), des bulbes ou des dômes « à l’impériale » : L’Escaladieu, Luc, Cabanac, Marseillan, Préchac… bien souvent, ce grand clocher est complété par un petit campanile établi à la verticale du choeur, le « chimboulet ». Il abrite une petite cloche sonnée lors de l’élévation (Beaudéan, Azereix…).

Durant le XIXe siècle, de nombreuses églises sont reprises afin d’accueillir une population toujours plus nombreuse. Le style adopté est alors un rappel du Moyen-Âge (style néo-roman et néo-gothique). De nombreux clochers tours surmontés de flèches aigües, visibles de loin, apparaissent ainsi. L’accès en est commode, la chambre des cloches vaste et des abat-son renvoient le tintement des cloches. En parallèle, des clochers « civils » ou beffrois peuvent être construits : Pouzac, Bagnères-de-Bigorre…

Durant le XXe siècle, quelques églises sont construites. Le parti pris par les architectes peut être un rappel des formes médiévales (Saint-Lary, Lourdes, abbaye de Tournay), ou bien un style novateur (églises des nouveaux quartiers de Tarbes).

Clocher de la chapelle du Plan d'Aragnouet
Clocher de la chapelle du Plan d'Aragnouet
Clocher de Beaudéan (XVIIe siècle)
Clocher de Beaudéan (XVIIe siècle)
Clocher de Salles-Adour (XVIIIe siècle)
Clocher de Salles-Adour (XVIIIe siècle)
Un exemple d’église fortifiée à Soulom. Sur le toit du choeur se trouve le chimboulet, clocheton sonné lors de l’élévation. (coll. privée)
Un exemple d’église fortifiée à Soulom. Sur le toit du choeur se trouve le chimboulet, clocheton sonné lors de l’élévation. (coll. privée)